バスティーで「魔笛」 La flûte enchantée à Bastille
Die Zauberflöte, de Mozart, à l'opéra Bastille le 4 décembre. Peu mémorable, si ce n'est pour la détermination de la mise en scène à accaparer l'attention avec des gags, des gadgets, et un mouvement incessant sur scène. « Climat surnaturel », « des expériences sensorielles », « des associations d'idées », « une maîtrise psychologique accomplie » paraît-il... Moi, j'ai vu une débauche de pitreries vides d'émotion et de sens, des galopades bruyantes de gymnastes-machinistes manipulant d'énormes matelas gonflables à grands renforts de palans (environ une douzaine), des consoles de jeu électronique sur scène avec affichage numérique en anglais sur le fond de la scène (« To start game press 1 » au début de l'Acte I, « Resume game » au début de l'Acte II, « Game over » à la fin...), des gymnastes escaladant des murs (les matelas) ou en rotation pendus comme des araignées, une Reine de la Nuit se déplaçant sur un chariot à treuil poussé par trois machinistes, trois Damen à clignotants bleus sur les seins et le pubis, Papageno en drag queen chantant son air bouche fermée à plat ventre sur une planche à roulettes, enfin le couple Tamino-Pamina chantant en marchant au bord du déséquilibre sur les matelas cette fois horizontaux (c'est leur épreuve initiatique, sur des matelas, vous comprenez?). Les chanteurs ainsi perturbés pouvaient-ils être bons ou acceptables? Eh bien oui, si on se concentrait suffisamment pour les entendre, y compris les trois excellents Knaben, sans doute les moins maltraités par la mise en scène. Mais tous auraient probablement été meilleurs dans un autre environnement.
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